La sonate à Kreutzer... les femmes d'autrefois ... 10 enfants en moyenne, et la mort au bout. Pour Sophie Tolstoï, 13 ! et déshéritée ... .

 Littérature des hommes, boycott ? Oui mais ... Discutable aussi ! car cela permet de mesurer la profondeur de leur perversité envers nous. Ainsi ds la ''Sonate à Kteutzer'' Tolstoï met-il en scène un homme jaloux qui accable sa femme de maternités successives ds la ferme intention de la détruire. Au moins sa beauté, son allure. Et plus si possible. Puis il la poignarde car elle ''est inusable et indéformable'' dit-il. Procédé courant, volontaire ou non, voire demi volontaire depuis toujours, pour récupérer les dots ds certains cas. Les femmes, les reines, (du moins le sait- on pour celles-ci et y survivaient-elles plus svt) avaient couramment jusqu'à 17 enfants (Marie Thérèse d'Autriche, dite la Grande, mère de Marie Antoinette) et en mouraient principalement. Lorsqu'une alliance n'était plus utile, voire nuisible ou pire, honteuse, et le divorce impossible (ou nécessitant un douaire important voire le remboursement de la dot ou d'une partie de celle-ci, une cata), c'était un moyen facile de conserver l'argent (parfois faramineux) de l'épouse et une nouvelle alliance fort utile, ou selon son coeur parfois, ou encore les deux : Catherine d'Aragon, Lucrèce Borgia (devenue duchesse d'Este à coup d'une fortune, à son 10ème enfant, imposé par son mari malgré son extrême fragilité) Claude de France etc ... Si, il faut lire des hommes Alice. J'observe que Liova, bcp plus agé qu'elle, et terriblement jaloux bien que probable homosexuel (!) a eu 13 enfants avec Sophie. La sonate à Kreutzer...


Sophie Tolstoï, 13 enfants... et ''la sonate à Kreutzer'' à lire absolument

 LIRE LES MECS !  Si si, il faut les lire. C'est vital. Pour NOUS. Plus d'un siècle après, la Sonate à Kreutzer, 'née' en 1888 ('"oeuvre féroce" ''contre la société") est fondamentale, sidérante.Tolstoï lui-même, après l'avoir terminée, en fut épouvanté. "Mes propres conclusions m'ont d'abord terrifié. Je voulais ne pas les croire, mais je ne le pouvais pas... J'ai dû les accepter." Bizarre ce dédoublement non ? L'origine de ce texte, une rencontre avec deux musiciens.. Et peut être un ou des amours ''coupables''? Sophie ? Liova ? Sûrement dans son cas. Fantasmé ?  Réel ? 


Il en ressort un dégoût du mariage, une forme de "prostitution légalisée". (Ndlr, Liova certes est aristo et riche, mais Sophie, bien que roturière, est d'un milieu aisé et surtout très proche de la Cour, ce dont Liova profita considérablement, donc ce point ne saurait lui être reproché, et elle a 20 ans de moins). Dégoût de la chair, "quelque-chose de sordide qui nous ravale au rang des porcs", dégoût des femmes qui tiennent 90 % de l'humanité sous le joug de l'esclavage. Oui, tout vient de là, elles se sont muées en armes d'assaut sensuel, au point que les hommes sont incapables d'entretenir avec elles des relations paisibles*." Certes ces violentes diatribes sont celles d'un héros de roman déséquilibré meurtrier de son épouse mais...  le texte fait l'effet d'une bombe.


Auprès de Sophie d'abord (1844-1919), première lectrice qui, en épouse dévouée, malgré les maternités à répétition (13 enfants dont 4 morts en bas âge) et la gestion du domaine, recopie et corrige les manuscrits, saisie de fascination et d'horreur. "J'ai senti que ce récit était dirigé contre moi, note-t-elle dans son Journal. Il m'a humiliée à la face du monde."


 Elle se rend pourtant à Saint-Pétersbourg, où le texte vient d'être censuré par Alexandre III (ndlr, qu'elle connaît fort bien, son père étant son médecin) et fine diplomate obtient qu'il soit publié, le meilleur moyen, dit-elle, de faire taire tous ceux qui voudraient y voir une peinture de son propre couple. Puis elle contre-attaque et en 1892, écrit ''Le Roman d'une femme, à propos de La Sonate à Kreutzer de Léon Tolstoï, par la femme de Léon Tolstoï''. On ne saurait être plus claire ! 


Ce texte restera inédit, caché pendant plus d'un siècle** et fut traduit pour la première fois en France, en même temps que l'autobiographie de Sophie (censurée). Lire en miroir les textes de Léon et de Sophie est d'une grande richesse : un diabolique jeu de chat et de souris à nu. D'un côté une âme ardente et passionnée, habitée par "un idéal de religiosité et de pudeur" (Sophie selon elle) et de l'autre, un tyran domestique, "indifférent dès qu'il cesse d'éprouver du désir" (Léon selon elle). D'un côté, la "grande âme de la Russie", génie en perpétuel mouvement qui veut "parler aux hommes ordinaire comme leur "frère" (Léon selon lui). De l'autre, une harpie opiniâtre qui n'entend rien au mysticisme de son mari, et dont la hargne s'exprime à tout propos, "à cause du café ou de la nappe..." (Sophie selon Léon)... ndlr, Sophie qui refuse qu'il déshérite leurs enfants, ce qu'il fera tout de même ! Et qui n'est pas enthousiaste à l'idée qu'il affranchisse ses serfs, ce qu'il fera aussi. Sur influence d'un étudiant pervers dont il est ostensiblement amoureux... et qui hait évidemment Sophie. Mais qui idéologiquement n'a pas toujours tort, même si ses motivations sont sordides (faire éclater le couple, conduire Liouva à mépriser Sophie et l'''avoir'' à lui seul). 


En fait les époux disent presque la même chose. Ils s'interrogent sur les mêmes questions, les hypocrisies de la vie conjugale, la place supposée de la sexualité dans la société et celle qu'elle occupe dans nos existences, disent aussi qu'ils ne sauraient se passer l'un de l'autre et pour rien au monde, ne renonceraient aux raffinements pervers qui, chaque jour, pimentent leur amour-haine. "Nous étions deux forçats liés à la même chaîne qui se haïssaient et s'empoisonnaient mutuellement l'existence" résume Tolstoï dans La Sonate à Kreutzer. A la fin du roman, Pozdnychev, fou de jalousie, assassine sa femme, Léon n'assassine que par livres interposés et Sophie idem, une relation impossible durera quarante-huit ans, jusqu'en 1910. A cette date, Tolstoï épuisé (il est plus agé qu'elle de 20 ans) quitte en secret Iasnaïa Poliana et meurt en solitaire dans la petite gare d'Astapovo. Après avoir dit peu avant ''on a beaucoup accusé Sophie, à tort''. Celle-ci, en lisant sa lettre d'adieu, tentera de se noyer dans un étang... Elle mourra à 80 ans en nettoyant ses vitres d'une pneumonie causée par le froid. Enfants, et elle même, totalement ruinés. Son désespoir. 


*Tolstoï probablement homosexuel entretenait avec un ''étudiant'' devenu voisin des relations passionnées qui insupportaient Sophie (et vice versa), ces passages sont caviardés la plupart du temps. 


**avec la complicité des enfants cela ne fait pas de doute, qui dans l'affaire, ont pris le parti du père y compris lorsque Sophie se battait contre lui POUR EUX. Une fascination pour leur père... mortifère (alcoolisme, drogue etc .. pour les garçons du moins). Syndrome de Stockholm? Une de ses filles (qui pour certaines jouaient le rôle de servante, cuisinière etc...) dit en avoir un peu, un peu seulement, voulu à son père (mort) qd elle se rendit avec une de ses soeurs à une rétrospective théâtrale de son oeuvre et s'aperçut .... QU'ELLES N'AVAIENT PAS DE QUOI PAYER LE BILLET D'ENTRÉE ! Elles repartiront tristement.

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