''Les gens sont des cons'' une parole à contre courant, les gens c'est NOUS

 



Au marché aux puces dimanche. Un lieu dangereux nous l'avons vu*.

Un gus, sûr de lui, s'adresse à un ''étudiant'' improvisé. Et à d'autres. 

G --- Les gens se rendent pas compte, la dette, ça n'existe pas, les banques ont trouvé le truc, ils 'gardent' notre argent (fruit de notre travail) c'est à dire nous le PRENNENT et s'en en servent pour en ''faire'' en plus...  puis, gorgés de pèze, nous le 'prêtent' à INTÉRÊT''.. J'écoute avec attention. Exactement. Sauf qu' il ajoute : ''mais les gens sont cons, ils n'écoutent pas quant on leur dit... C'est foutu on n'en sortira pas..'' 

Je me permets d'intervenir.

H ----  Si quand même, il y en a qui vous écoutent, regardez...

G ---- C'est pas la plupart, mais ça change rien, après ils vont au Super U ! (Voir à la fin cette inversion des culpabilités préoccupante. ) 

H ---- '' Mais les gens c'est VOUS AUSSI. En les proclamant idiots, ils vont le devenir. Vous faites exactement le jeu du tyran qui nous divise pour mieux nous écorcher. Et vous persuadez les ''gens'' que toute lutte est inutile puisqu'''ils sont cons'', et quant à ceux comme vous qui ne seraient pas-con, inutile qu'ils se battent pour des cons! Les 'gens' qui se croient seul intelligents alors renoncent et méprisent le peuple c'est à dire EUX avec, et même en premier. À tour de rôle. Ils sont RENDUS cons, mais c'est relié à ce que vous venez de dire et parfois c'est pire, ils JOUENT à l'être pour ne pas déroger, une sorte de snobisme de la connerie présentée comme enviable, chic, consensuelle, virile ; la terreur d'être hors consensus sous peine d'amende, opprobre, exclusion, torture, misère, faim, inexistence ... fait partie du 'pack' inculqué au marteau par le tyran et nous maintient paralysé, soumis : il n'est que de voir le mot 'MARGINAL' qui est présenté comme une insulte majeure quand cela devrait au contraire être une gloire. Ce phénomène me semble nouveau ou aggravé.* Et c'est ainsi que tous (ou ceux qui croient être 'tous') de dézinguer 'les gens' qui sont 'cons', les 'complotistes' etc... 

Or parfois quand on creuse un peu, oh stupeur, on constate que TOUT LE MONDE EST D'ACCORD ! (Donc la 'connerie' était bien un 'jeu' !) Il suffit d'oser. Voilà pourquoi le tyran craint les 'penseurs' ou plus exactement les penseurs qui parlent, écrivent, font trace.... et les accable toujours sur le mode 'les gens sont cons' et fait en sorte qu'ils le soient ou le deviennent. 

Sachons donc que, dès qu'on parle des ''gens'' c'est de NOUS que nous parlons et que c'est le discours du tyran qu'on ressasse contre nous mêmes (un discours d'ailleurs qui de la part du tyran est non seulement sincère mais surtout utile  pour lui ***) ''

Le gus m'écoute. Il est d'accord. Puis il appuie tant et tant (s'écoutant parler) que je finis par finir une phrase à sa place et là il se fâche tout net !

G ---- Vous me laissez parler oui ?

H ---- Ok excusez moi...

Et il ressort la même chose mais sur un ton un peu trop fort, comme agressif. Là c'est moi qui m'insurge, stupéfaite.

H ---- Mais c'est ce que je viens de dire !

Il n'apprécie pas. 

Ai-je mis le doigt sur quelque chose de bizarre ? Quel est le sens de ce revirement agressif ? Une sorte de désir exacerbé de se démarquer ''des gens'', lui, le voyageur qui connaît la Thaïlande,  l'Afrique, le Japon, l'Australie comme moi St Ambroix ? Ce sont en effet souvent ceux qui insistent le plus sur leur lucidité, ('intelligence') par rapport aux 'gens qui sont tous cons' (enfin presque il faut laisser de l'espace au ménin) qui ont le désir inculqué et qui sait ? légitime d'être différent, de représenter une 'élite' certes non reconnue mais non moins essentielle qui se nourrissent de la contradiction re cherchée et suscitée sans laquelle ils ne sont rien. Une belle contradiction idiote ou juste un silence éberlué, quand soudain  ils lui font défaut, les mettent mal à l'aise : ils ont perdu leur rampe de lancement et s'esfouillrent. Il faut que les autres soient cons**** pour qu'eux en pochoir soient intelligents et SEULS à l'être. 

Le tyran ayant inculqué cet ordre implicite et terrifiant aux 'cons' (c'est ainsi qu'ils parlent entre eux des gueux qu'ils écorchent, mais pour se remplir les poches et se déculpabiliser ) : se démarquer des 'cons' sous peine de le devenir ! peut nous envahir tous à un moment (même à partir d'une observation EXACTE et limite révolutionnaire comme ici, la 'dette' issue des 'pas cons') et hélas annuler la prise de conscience, comme si le gus en le cas avait littéralement BESOIN  d'un contradictoire, d'une différence avec lui l'intelligent sinon il disparaît en camaïeu. Quand je lui fais observer qu'en réalité, il n'est pas seul à penser ainsi, bizarrement, au lieu de le conforter, ça le dérange car ça le contredit et ne le rassure pas, au contraire, même ma propre approbation nuancée de sa thèse ne faut pas exception. Il lui plaisait d'être SEUL CONTRE TOUS ( il dénonce ce qui au fond le satisfait) et c'est là où le maximalisme vient en renfort. Il faut reprocher le plus pour estimer le moins et rester sur son socle. 


G ---- Peut être, mais regardez ! ils vont tous à Super U et ainsi font le jeu des multinationales !''

Inversion des culpabilités. Il culpabilise le chaland dans la merde qui a été contraint d'agir 'mal'. Un cran de plus au verrouillage. Il faut se justifier... 

H ---- c'est le système qui a fait couler les petits commerçants des villages et de fait, si on n'a pas de voiture, on est ds la merde... on va au seul endroit possible, surtout le dimanche, et pas trop loin. 

Et on n'a pas toujours es moyens d'aller à la bio cop... ''

Et de me justifier ..  

Notons qu'ici on a affaire à un gus lucide et lui aussi victime de l'écorchage que nous subissons tous. 


Question : pourquoi s'aligner toujours ''au plus con'' ? Surtout flagrant chez les mecs. Plaisir sournois de MÉPRISER D'ABORD POUR NE PAS L'ÊTRE ? Donc d'abord se dire : JE MÉRITE DE PENSER. 


* une agression autrefois voir ma page 

** autrefois les enfants 'jouaient' au bon élève, s'y efforçaient, mais petit à petit, selon les quartiers, ils se sont mis à 'jouer' l'inverse, le cancre voire le délinquant étant devenu le héros.

*** voir 'le journal d'un salaud' lien suit, où on VOIT parler un homme de pouvoir, an toute sincérité et cynisme, histoire passionnante dédiée à mon amie Michèle. 

**** approuver les vaccins, désapprouver Raoult, tacler Hold up etc...




 

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